Luxations et subluxations
La luxation (dislocation en anglais) désigne un déplacement d’une surface articulaire par rapport à une autre ; il s’opère ainsi une rupture de continuité articulaire. Si l’on veut définir simplement la luxation, on peut la décrire comme une articulation qui se « déboîte ».
Dans la subluxation (subluxation en anglais), la perte de contact n’est pas totale ; les os d’une articulation glissent l’un sur l’autre plus qu’ils ne devraient normalement, sans toutefois se séparer complètement ou se disloquer.
Ces manifestations peuvent se produire dans presque toutes les articulations, mais certaines sont tout de même plus souvent concernées : épaules, genoux, pouces, chevilles ou la mâchoire articulations.
CAUSES DES LUXATIONS & SUBLUXATIONS
Composition anormale du collagène
La composition anormale du collagène chez les patients SED et HSD est la cause principale des luxations et subluxations. Le collagène, protéine structurale principale des tissus conjonctifs, est présent dans les ligaments reliant les os entre eux, dans les tendons reliant les muscles aux os et dans les capsules articulaires. Tendons et ligaments étant hyperlaxes, les articulations sont potentiellement moins stables, d’où une plus grande propension aux luxations/subluxations.
Altération du tonus musculaire
Certains muscles autour d’une articulation peuvent s’activer quand ils ne devraient pas et travaillent ensuite de manière excessive, ce qui peut entraîner le glissement de l’articulation. Ceci est d’autant plus susceptible de se produire si elle est déjà plus lâche à la base. La fatigue musculaire, les spasmes et le stress peuvent également y contribuer.
Altération de la proprioception
La proprioception est la capacité du corps à percevoir la position et le mouvement des articulations. Elle permet de savoir où se trouvent nos membres dans l’espace sans les regarder et elle est liée à la coordination. Une perception altérée peut entraîner des luxations et subluxations.
Étirements excessifs répétés
Il est indispensable de ne pas répéter les démonstrations d’hyperlaxité (positions étranges des doigts, jambes autour de la tête, etc.). Ces étirements répétés, largement au-delà des limites habituelles, ne font qu’exacerber l’hyperlaxité et par là-même le risque de luxation/subluxation.
Forme des surfaces articulaires
Certaines personnes peuvent dès la naissance présenter des anomalies osseuses ou des cavités articulaires peu profondes prédisposant l’articulation à glisser plus facilement en dehors de son emplacement.
Traumatisme
Ici la laxité articulaire peut quelque peu jouer en faveur des SED et HSD en leur évitant des dommages aux ligaments et tissus.
IMPACT DES LUXATIONS & SUBLUXATIONS
Les luxations et subluxations peuvent être douloureuses et causer des lésions aux tissus situés à l’intérieur et autour de l’articulation.
La fréquence des luxations/subluxations varie selon les personnes, de une à deux fois par an … à des dizaines de fois par jour mais il faut essayer de la réduire si possible. Pour certaines, l’articulation se remet en place d’elle-même. Pour d’autres ce n’est pas le cas. La panique qui s’en suit provoque un stress et davantage de spasmes musculaires, majorant la douleur et minorant par là-même la chance de réduire la luxation/subluxation.
Le passage par les urgences est généralement voué à l’échec. Soit les soignants donnent uniquement un antalgique, soit ils vont jusqu’à l’anesthésie générale pour remettre l’articulation en place. Quoi qu’il en soit, les suites seront probablement les mêmes : l’articulation bougera à nouveau sous l’effet des spasmes musculaires toujours présents et le patient reviendra au point de départ. Une autre solution souvent proposée est celle d’un plâtre pour maintenir l’articulation en place. Ce n’est pas non plus une solution viable puisque l’articulation essaiera de se retirer à nouveau alors que le plâtre la maintiendra en place de force, ce qui sera souvent très douloureux.
Il existe des traitements pour prévenir les luxations et réduire la douleur et les risques de blessure. Le renforcement physique, avec l’utilisation de bandes (taping) et de supports, guidé par un kinésithérapeute, est le traitement le plus courant et le plus efficace.
Exceptionnellement, si une luxation se répète et ne répond pas aux thérapies physiques, une personne peut avoir besoin d’une intervention chirurgicale pour stabiliser l’articulation.
GUIDE DE GESTION DES LUXATIONS & SUBLUXATIONS EN SIX ÉTAPES
- RESPIRER
Respirer lentement et profondément, essayer des techniques de relaxation.
- PRENDRE DES ANTALGIQUES
Suivre les dosages prescrits par le médecin même si cela ne paraît pas suffisant pour la circonstance, pourvu que la douleur soit atténuée.
- SOUTENIR L’ARTICULATION
Recourir à des coussins pour trouver une position de repos la plus confortable possible afin de relaxer les muscles et d’arrêter les spasmes.
- ESSAYER LA CHALEUR
Utiliser une bouillotte, un coussin chauffant, prendre un bain chaud en vue de détendre des muscles hyperréactifs.
- SE DISTRAIRE
Concentrer son attention sur un film, écouter de la musique ou un CD de relaxation, parler à des amis ou de la famille. La distraction est une aide à court terme pour relaxer les muscles et soulager la douleur.
- MASSAGE DOUX
Un massage doux autour de l’articulation peut contribuer à relâcher les muscles afin de doucement la remettre en place ou pour qu’elle y arrive d’elle-même.
L’articulation luxée/subluxée peut mettre des heures ou même des jours à reprendre sa place. Vu la laxité, il est hautement improbable qu’elle s’endommage davantage.
La consultation est indispensable lorsque le membre commence à changer de couleur en raison d’un manque d’approvisionnement en sang ou lorsque le membre devient complètement engourdi.
Il n’est pas inhabituel que l’articulation se déboîte à nouveau après avoir été remise en place lorsque les effets de l’anesthésie s’estompent. Raison pour laquelle il faut que la personne apprenne à garder son calme et à gérer la situation.
Après une luxation/subluxation il est très utile d’en rechercher les déclencheurs pour espérer pouvoir les éviter dans le futur.
La prévention étant indispensable, il est recommandé de :
- Faire de la kinésithérapie pour contrôler les muscles autour des articulations,
- Améliorer la proprioception par la rééducation,
- Recourir à des supports/orthèses si nécessaire,
- Gérer le stress et l’anxiété.
Article rédigé par le GESED après suivi des présentations et traduction
Sources :
- EDS Society, facebook page, Juillet 2024 : https://www.facebook.com/photo?fbid=884723727026148&set=pcb.884723820359472
- Dislocation/subluxation management – J. PARRY (Clinical Specialist Physiotherapist – London) : https://www.ehlers-danlos.com/dislocation-subluxation/